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Channel: Queue du bonheur » punk
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Suicide girl kawaï

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Je t’ai découvert en ligne sur MySpace, on avait pas mal de goûts communs côté zique et toile. T’avais un look de pin-up punk, façon Suicide Girls, qui me plaisait bien. Ton côté mordant dans ta façon de te présenter et de t’exprimer m’avait bien titillé le cortex et j’ai engagé la discussion. On a fini par s’échanger nos MSN après deux ou trois messages, histoire que ça soit un peu vivant. Et puis finalement je t’invite au ciné.

On s’est donné rendez-vous dans un bar près du Père-Lachaise. Comment dire… Difficile de te louper.

Les cheveux rose barbie, une jupe jaune à carreaux, des résilles rose, une veste zèbre, un collier de plumes, un sac vert pomme, des escarpins mauves. Un phare. J’ajoute des piercings un peu partout : lèvre, sourcil, langue, oreilles, nombril. On devine aussi ceux de tes seins riquiqui, parce que ton décolleté baille et qu’on les voit parfois quand tu te penches. On voit aussi ton tatouage sur la poitrine, un grand aigle américain. Quand t’es allée aux toilettes, j’ai pu en découvrir d’autres : des yeux derrière les genoux (assez perturbant, faut dire) et du texte calligraphié entre les cuisses. A ça faut aussi ajouter une quinzaine de bracelets à chaque main et des bagouses… on dirait que tu les vends à la sauvette.

Y’en a bien pour se foutre de ma gueule quand j’en parle en demandant où je l’ai trouvée. J’ai bien une réponse mais je suis pas sûr que ça leur plaise…

Je me suis pas trop gourré, dès les premières minutes je sais que tu vas continuer à m’étonner. Déjà, nos jactances par clavier montraient que tu étais vive, pétillante, cultivée. D’ailleurs, t’as des yeux qui pétillent très fort. On discute, on boit, sous l’œil de quelques habitués un peu étonnés. C’est sympa. On a l’air contents de la rencontre. On se regarde longuement. On se jauge. Tu m’excites, grave. Au niveau du cortex et sur un plan plus bestial. Ça s’explique pas, ça se ressent.

Bon, on file au ciné voir Persépolis. Tu accroches bien au film, et moi je suis sous le charme.

Dans la foulée, histoire de tenter le grand chelem, je te propose de venir dîner chez moi. J’ai une recette miracle facile à faire, pas longue non plus, assez bonne, dure à louper, et qui fait son petit effet. C’est ma combo classique quand je veux pas me prendre la tête mais quand même faire briller les mirettes. Un mec en cuistoche, déjà ça le fait, ça a même un côté sexy. En plus je peux demander de l’aide en cuisine, ça crée un contact et ça fait travailler deux sens de plus. Une vraie mise en bouche. Le bonheur. Je t’annonce le menu, tu dis oui sans discuter.

Arrivés chez moi, je commence à me mettre aux fourneaux, à sortir les couteaux, les plats et toute la quincaillerie. Test numéro un : je te demande de choisir la musique. Tu fais péter un bon vieux Parabellum des familles et gardes en stock Prodigy, Pixies et Nirvana. Bien joué. Décalé juste ce qu’il faut. Pêchu. Test numéro deux : je te fais choisir le vin. Là tu t’y connais pas mais t’as un bon réflexe en restant sur une valeur sûre. Test numéro trois : je te demande un peu d’aide technique en cuisine. Tu acceptes, ça te fait rire et tu te lèches même un doigt plein de sauce. Ça se présente bien.

Ouais, je sais que c’est pas sympa de tendre des pièges, mais je teste, des fois.

On mange, la lumière du jour descends, tu souris de plus en plus. On se raconte un peu nos vies. T’as une histoire perso assez mouvementée. J’apprends que tu fais des performances, genre rester suspendue accrochée par des aiguilles plantées dans la peau du dos (tu me montres les traces sur ton dos, je découvre un tatouage chinois sur ta nuque et un tribal au creux de tes reins), que t’as testé en avant-première un vibro connecté à la musique et qui vibre en rythme (iCum, ça ne s’invente pas), que tu étais choriste dans un groupe. La discussion devient assez intime. On a  abaissé nos barrières. Je te désire. Je me sens bien. J’ai l’impression que je te plais bien.

La musique s’arrête, je finis mon verre et me lève pour aller changer de CD. Tu te lèves aussi, je t’entends retirer tes escarpins. Je sens tes mains sur mes épaules alors que je suis en train de mettre Prodigy. Tu t’accroupis aussi et je t’entends près de mon oreille dire sur un ton badin : « Et si on allait au lit ? C’est l’heure de coucher ensemble. J’ai envie de toi ». T’as sorti ça comme une évidence. Moi qui pensais maîtriser le calendrier, tu viens de me cramer la priorité avec une queue de poisson. Et en klaxonnant en plus. Ce soir, j’aime les chauffards qui me bousculent.

Je me retourne, je t’embrasse. Tu me mords, tu ris, et m’embrasse. Je viens de me rendre compte que tu sens la vanille. Ah, tu as aussi un piercing au clitoris. Et pas de culotte, donc. Et pas de poils. C’est parce que tu veux aussi qu’on puisse voir le tatouage qui se trouve là, je suppose. Je t’emmène vers le lit. J’en profite pour lire à l’intérieur de tes cuisses, et voir de près ce piercing. De très près. Très vite je comprends que c’est un corps à corps. Un vrai. Une lutte. Du genre où on invective l’adversaire. Où on l’empoigne, où on le maltraite. Ce soir je suis un mirmillon pris dans tes filets de rétiaire. Va y’avoir du sport.

En même temps je sais pas comment tu fais mais tu m’invites en toi. Pleinement. Profondément. Entièrement. Entre deux « oh putain » et « bordel » que tu lâches en rythme, quand tes mains m’agrippent ou me claquent le dos, je te vois onduler comme un cobra dans la pénombre. Tu me repousses en arrière pour te jeter sur moi, violemment. Tu m’embrasses, me mords, fort, puis plonges plus bas et m’engloutis littéralement dans ta bouche. Le piercing de ta langue, bof, c’est moyennement excitant. Mais pour le reste tu sais me faire plaisir. Même sans ongles tu me laboures la poitrine. Puis progressivement tes doigts se font plus doux, ils se baladent, partout. Le bas de mon corps a disparu derrière ta crinière rose éparse. T’es une experte, je te laisse faire. C’est bon…

Tu continues de m’empoigner le manche et viens t’empaler dessus, face à moi. Tu rejettes la tête en arrière, les yeux mi-clos, le sourire aux lèvres. Tu mouilles par hectolitres. Je caresse tes cuisses, ton ventre. T’as la peau douce. Tu es prise de tremblements, ça monte, tu te relâches. La faille ! Je te renverse et me jette sur toi. Là tu t’abandonnes en gémissant. Tu m’attires en toi. J’empoigne tes fesses et continue mon assaut, j’aventure un doigt sur ton anus, tu crispes et cries encore plus ! Tu murmures « prends-moi là aussi… ». Au moins c’est clair. Tube de lubrifiant, mon ami, tu fais bien d’être à portée de main. Dans la foulée, puisque j’ai la trousse sous la main, je te tends un vibro. Tu t’en empares avidement pour t’en servir de suite.

Te voilà comblée, on pourrait dire. Disons bien remplie. Je sollicite ton bouton avec deux doigts. Là c’est le feu d’artifice. Tu enfonces ta tête dans un coussin pour étouffer tes cris. Ton dos luit de sueur. Tu es belle. Fesses, hanches, épaules dessinent un superbe violoncelle de chair dans l’obscurité. Je me laisse aller. On halète, figés. D’une certaine façon, t’as gagné cette lutte. L’arène est un chantier sans nom. Et je crois bien que c’est ce que tu voulais.

Après cette baston, on s’est longuement caressés en silence, dans la pénombre. La paix des braves. Ta peau douce vanillée était agréable. Je t’ai regardé en détail, j’ai discuté de tes marques sur le corps, je les ai dessinées, soulignées. Nos gestes se sont fait tendres. Et puis je t’ai prêté un peignoir, on a fini la bouteille de vin. Tu voulais rentrer. Perso, je t’aurai bien gardé. J’aime les matins. Les soirs aussi mais bon, j’aime les matins. T’as appelé un taxi. J’ai failli te prendre encore dans l’ascenseur mais tu m’as repoussé en riant. Il était trois heures. Tu m’as harponné la nuque pour m’embrasser. Le taxi a été surpris en te voyant arriver. Forcément.

J’ai gardé un souvenir ému de cette soirée bizarre. J’ai apprécié ce décalage entre ton caractère finalement plutôt doux, ta fureur sexuelle et ton look provoquant. Deux mois plus tard, au hasard de ma visite à Japan Expo avec des amis, je te croise à nouveau. Tu tiens un stand de mangas, figurines et bijoux kawaï. On se regarde, on se marre, on se fait la bise. Maintenant je comprends qui tu es.


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